UN MILLESIME EXCEPTIONNEL A DOUBLE TITRE
Après un hiver doux, le début de la saison a commencé par une belle sortie de grappes, mais un printemps frais et humide s’installe dans notre région des Graves, avec de gros écarts de température et même parfois des gelées assez sévères sur certains rangs de vigne, les deux dernières semaines du mois d’avril étant particulièrement froides pour la saison. Toutefois, comme pour les deux précédents millésimes, la floraison se déroule normalement. Mais c’est aussi grâce à ce printemps humide que les nappes phréatiques peuvent se reconstituer (de bonnes réserves d’eau en sous-sol !), et que la vigne peut surmonter les vagues de chaleur successives rencontrées tout au long d’un été sans pluie, où le soleil règne sans partage…
Notons également que les températures élevées de l’été ont eu aussi le mérite de contenir les maladies et donc de nous permettre d’atteindre un excellent état sanitaire, ce qui est également le point très positif de ce millésime.
En outre, les nombreuses nuits fraîches qui ont jalonné le mois d’août ont été très profitables afin de préserver le caractère aromatique, ainsi que l’acidité de ce millésime.
Puis autour du 13 septembre, il pleut juste ce qu’il faut pour activer la maturité des baies.
Une fois récoltés, les raisins blancs, marqués notamment par de superbes notes d’agrumes, et une acidité bien présente révélatrice d’un très beau vin de garde ; la dégustation à la vigne des raisins rouges et les prévisions optimistes de la météo, militent pour que nous prenions notre temps pour les vendanger afin d’attendre que les pellicules, la pulpe, et les pépins mûrissent davantage, la vigne ayant pris quelques jours de retard à cause de ce morne printemps.
Un étalement des vendanges des raisins rouges nous paraît donc souhaitable. Les merlots et cabernets étant très sains avec des peaux épaisses, nous n’avons aucune crainte d’un risque sanitaire, bien au contraire : en effet, après la pluie « bienfaitrice » de la mi-septembre, c’est désormais à nouveau l’été qui continue !
Par conséquent, les merlots aux pépins bien toastés ne sont pas vendangés avant le tout début du mois d’octobre et les cabernets seront récoltés autour du 11 octobre.
Au surplus, il est important de souligner que la semaine du 3 octobre (semaine 40), avec des températures agréables le jour et de la fraîcheur la nuit, aura été absolument déterminante, sur les vignobles du Château d’Arguin et du Domaine du Reys, pour obtenir une maturité optimale des cabernets à la fois sucrés et frais, bien croquants, mais aussi très colorés (une teneur en anthocyanes comparable au millésime 2010).
Après les vinifications, les premières dégustations confirment clairement ce que nous pressentions pendant les vendanges concernant la structure remarquable de ce millésime 2016 avec déjà des tanins fins, savoureux, souples, des couleurs très profondes, révélant aussi des arômes subtils de fruits rouges bien mûrs et de cerises fraîches, grâce aux splendides cabernets récoltés au bon moment.
Mais ce qui donne indiscutablement à ce millésime un caractère exceptionnel à double titre, provient du fait que nous sommes en présence d’une récolte de rouge et de blanc sec non seulement très qualitative, grâce tout simplement à des raisins gorgés de soleil, mais aussi particulièrement abondante, avec des grappes longues et bien charpentées.
Si on fait le ratio qualité/quantité de ce millésime 2016, et pour retrouver une évaluation la plus équivalente possible, il nous faut remonter, selon de nombreux commentateurs, au millésime 1990 qui dans le Bordelais a toujours été considéré d’ailleurs comme un millésime d’anthologie.