LE MILLESIME 2013 AU CHATEAU D'ARGUIN - DOMAINE DU REYS
Un millésime tardif, peu quantitatif, mais qualitatif.
Globalement, le premier semestre 2013 a été marqué par une météo défavorable avec des pluies régulières et beaucoup de fraîcheur : ainsi, deux de nos parcelles ont été touchées par des gelées éparses le 27 et 28 avril.
Ces conditions climatiques difficiles, ont donc entraîné un retard dans la croissance de la vigne (un millésime tardif) : à titre d'exemple, le début de la floraison de nos merlots a eu lieu le 13 juin contre le 30 mai en 2012.
A ces conditions climatiques déjà compliquées, se sont ajoutées les grosses pluies de la semaine du 17 juin (en pleine floraison !), ce qui a eu pour effet de développer de la coulure (absence de fécondation du fruit) et donc d'impacter de façon conséquente le volume de la récolte (un millésime peu quantitatif).
Ensuite, un été beau et chaud, jalonné cependant de très violents orages de grêle en particulier dans l'Entre-deux-Mers, nous aura tout de même permis, peu à peu, d'assécher le sol, et ceci également grâce à la mise en oeuvre de l'enherbement de toutes les parcelles du Château d'Arguin et du Domaine du Reys depuis déjà de nombreuses années. Cet été relativement "standard" malgré tout, aura aussi participé à une véraison homogène notamment des cabernets.
Toutefois, à partir du début septembre des conditions climatiques fraîches avec des passages pluvieux s'installent, et la pluie s'accentue même la semaine du 16 septembre et ceci jusqu'au 20 septembre. De ce fait, la maturation ne progresse que lentement, et cette humidité ambiante constitue un terrain favorable au développement du botrytis (champignon microscopique faisant éclater le raisin), même si les pellicules sont heureusement épaisses ce qui constitue un facteur positif et non négligeable pour ce millésime 2013.
Notre objectif a donc été de trouver un savant équilibre, entre la veille sanitaire (menace du botrytis) et les exigences de maturité du raisin, tout en sachant que la superficie raisonnable de notre exploitation nous permet de vendanger au moment le plus propice et de façon la plus rapide, et de procéder à un triage le plus drastique possible en cas de nécessité, grâce aux vendanges manuelles.
De plus, un effeuillage manuel raisonné (en fonction des évolutions climatiques) pratiqué tout au long de l'été nous aura aussi permis d'éviter de blesser le raisin de la future récolte.
Enfin, les températures élevées des derniers jours de septembre (34°C le 26 septembre) auront été un facteur déterminant pour "booster" la maturité des raisins et permettre finalement une belle expression du fruit.
Les blancs secs ont été récoltés le 1er octobre (les sémillons, plus dilués, plus enclins à décrocher, font l'objet d'un triage particulièrement minutieux, ce sera également le cas pour quelques rangs de merlot et de cabernet).
Dans la foulée, les merlots qui affichent une belle maturité sont vendangés le 2 et 3 octobre, juste avant les menaces de grêle et la journée de pluies très abondantes du 4 octobre.
Il en aura été de même des cabernets, qui ont été récoltés le 9 et 10 octobre, juste avant la nouvelle perturbation pluvieuse du 12 et 13 octobre.
Quelques semaines après les vendanges, les premières dégustations de ce millésime 2013 montrent d'abord, concernant le vin rouge, comme pour les millésimes précédents, une très grande homogénéité des cuves de merlot et de cabernet, ainsi que des tanins souples, et beaucoup de couleur avec des vins qui sont très noirs, cela s'expliquerait par le fait que les raisins ont mûri avec beaucoup plus de lenteur cette année.
Pour ce qui est des merlots, ceux-ci ont un nez torréfié et toasté, ce qui est un signe de maturité ; alors que les cabernets, certes moins sucrés que les millésimes précédents, mais bien sur le fruit, développent de superbes arômes de cerise.
En ce qui concerne les blancs secs, la réussite revient avant tout aux sauvignons qui sont particulièrement aromatiques (résultat d'une année fraîche).
Les premières dégustations montrent une très belle ampleur en bouche, avec des arômes d'agrumes et aussi beaucoup de fraîcheur.
Il convient, par conséquent, de rappeler à nouveau que les températures élevées de la fin du mois de septembre ont permis de rattraper en grande partie le retard accumulé depuis la floraison, et la maturation du raisin a pu enfin se débloquer, pour nous permettre de rentrer au cuvier des baies de qualité grâce également à des vendanges manuelles et à un triage minutieux chaque fois que cela a été nécessaire.
Mais plus largement, il convient, en dernier lieu, de rappeler que les sols graveleux et filtrants de notre région des graves favorisent, notamment lors de millésimes plus humides, un bon drainage, un bon écoulement de l'eau de pluie, ce qui permet au final d'assurer une régularité qualitative des Vins de Graves.